Sens Commun
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La petite histoire  Up Page
European Southern Observatory (ESO)
Perdu dans le désert d'Atacama, à plus de 2 600 m d'altitude dans la cordillère des Andes, le Très Grand Télescope de l'European Southern Observatory (ESO) scrute le ciel de l'hémisphère austral sous la surveillance d'un informaticien à temps partiel. Dans l'isolement du Cerro Paranal, Chris Mac Kinstry, 34 ans (nous sommes alors en 2001), programmateur et autodidacte de l'intelligence artificielle, consacre une partie de son temps à peaufiner l'idée un peu folle de créer le plus grand projet planétaire d'intelligence artificielle. Il a baptisé GAC, pour "conscience artificielle générique". "Tout comme l'imagerie médicale peut reconstruire l'image d'un cerveau humain point par point, couche après couche, en faisant appel à la tomographie, nous essayons de reconstruire l'esprit humain", explique Mc Kinstry. GAC est provocateur: il ne vise pas à créer une intelligence exceptionnelle mais à donner du "bon sens" aux ordinateurs. Un objectif longtemps négligé par les chercheurs, faute de savoir comme aborder.
 
Test d'Alan Turing
L'un des fondateurs de l'intelligence artificielle, Alan Turing, a proposé en 1950 un test d'intelligence pour les machines: elles doivent être capables de tromper un interlocuteur humain. S'il pense avoir affaire à une autre personne, la machine sera jugée "pensante". Il suffit donc qu'un être humain la reconnaisse comme telle _ou, du moins, s'y trompe suffisamment longtemps. Mais, pour cela, l'ordinateur doit faire preuve de sens commun.
Pour faire "émerger" sa conscience planétaire, Chris Mac Kinstry fait appel au Net et demande aux internautes de lui confier leur sagesse. Le concept a pris forme en 1994, alors qu'il se préparait à proposer un petit programme concocté pour le prix Loebner: créé en 1991, celui-ci offre 100 000 dollars à la première machine qui passera avec succès le test de Turing. Mc Kinstry est arrivé à la conclusion que l'intelligence n'a pas besoin d'apparaître sophistiquée, mais qu'elle devrait pouvoir être mise en évidence de manière minimaliste, par interaction avec des questions dont les réponses sont les plus simples possibles: "oui" ou "non", "vrai" ou "faux". D'où l'idée de créer une immense base de données d'informations élémentaires, et de s'en servir pour "éduquer" un réseau de neurones.
 
Mc Kinstry a alors contacté Marvin Minsky, professeur au Massachusetts Intitut of Technology (MIT), l'une des têtes pensantes de l'intelligence artificielle moderne et l'un des rares experts du bon sens informatique. Etait-il concevable qu'un tel réseau de neurones puisse apprendre à imiter la pensée humaine ? Oui, a répondu Minsky, à condition de travailler avec une base de données gigantesque. C'est ce que fait Mc Kinstry aujourd'hui, et ce à quoi il prévoit de se consacrer à temps plein dans un an et demi, à la fin de son contrat avec l'ESO.

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Un grand collecteur d'humanités
A l'heure de l'internet, il est désormais possible de créer la base de données monumentales nécessaire au projet. Un nouveau site web (mindpixel) accueille les internautes et leur propose un exercice simple. Le visiteur propose une affirmation à laquelle il est possible de répondre "vrai" ou "faux", "oui" ou "non". Cette affirmation élémentaire devient un "mindpixel": "De la même manière qu'un pixel est un échantillon élémentaire d'une image, un mindpixel est un échantillon aussi élémentaire que possible de la pensée humaine", parie Mc Kinstry. Après avoir donné une échantillon de sa sagesse, chaque internaute doit ensuite "valider" vingt mindpixels différents, proposées par des visiteurs précédents. L'objectif de la première étape est d'enrichir la base de données, alors que la seconce vise à évaluer comment une personne moyenne réagit à une information donnée. Pour encourager les internautes à participer à ce jeu intéressant mais fastidieux, le site distribue des "bons points", sous forme de mindpixels, qui deviendront autant d'actions quand le projet sera une entreprise commerciale, peut-être dès 2001.
Une fois construite, la base de données devrait inclure un milliard de données élémentaires, des chaînes alphanumériques de 256 signes maximum. Elle sera ensuite divisée en deux: une base de 900 millions de mindpixels, qui servira à éduquer un réseau de neurones, et une base de 100 millions de mindpixels, pour tester ce que le réseau a appris. L'affaire est loin d'être ordinaire, et, le succès n'est pas garanti, malgré l'optimisme indestructible de Mc Kinstry. Mais ce dernier ne part pas en aveugle, car la recherche suggère qu'un réseau de neurones peut être éduqué de la sorte et acquérir progressivement les notions de mot, de classe de mots et de syntaxe.
L'objectif de Mc Kinstry est de "montrer que le réseau de neurones a atteint un niveau de conscience minimal, que ses réactions ne sont pas aléatoires". Après quoi, l'éducation du réseau pourra être peaufinée, par exemple, en faisant appel à des algorithmes "génétiques", une classe de programme conçus de manière à imiter les mécanismes de sélection naturelle des organismes biologiques.

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Monde présent
Un autre projet, appelé Openmind, a été lancé quelques semaines après Mindpixel. Des similitudes, des différences, et le même enthousiasme pour l'avenir de l'intelligence artificielle. Push Singh est canadien, comme Christopher Mc Kinstry, mais il vient de Montréal. Et comme Mc Kinstry, il a découvert l'intelligence artificielle dans les livres: "Je voulais venir étudier dans le laboratoire de Marvin Minsky au MIT depuis l'âge de 14 ans, quand j'ai lu son livre "La société de l'esprit". Aujourd'hui, le professeur Minsky est mon conseiller de thèse, mon mentor et ami", explique l'étudiant.
C'est ensuite que les différences commencent: Push singh a élaboré un projet universitaire dont les informations sont "open source", c'est-à-dire que chacun peut télécharger et utiliser la banque de données avec très peu d'obligations. Et il collecte des informations sur autre chose que des faits: des histoires, des images, etc. "Trois semaines après l'ouverture du site au début du mois de septembre 2000, nous avons collecté pas moins de 70 000 items. Mais c'est juste un rodage ! Nous continuons à améliorer le site, et quand les gens le trouveront plus plaisant et plus convainquant, nous commencerons à faire plus de publicité et des centaines de milliers, voire de millions d'internautes viendront alors contribuer à notre base de données."
En fait, Push ne vise pas un milliard de données comme Mindpixel: "Personne ne sait combien de connaissances du sens commun les gens ont, ni même comment les compter. Toutefois, selon certaines estimations, les gens peuvent apprendre quelques bits d'information par seconde au plus, ce qui suggère qu'un enfant de 10 ans a eu le temps d'acquérir quelques dizaines de millions de morceaux de cette connaissance. J'ai donc fixé ce chiffre comme objectif. Avec ces données, nous voulons construire des systèmes de reconnaissance de la parole plus performants, des moteurs de recherche plus intelligent, des logiciels, etc. Les applications potentielles sont infinies!" Cela dit, les objectifs des deux hommes sont proches. Et le 11 septembre 2000, ils ont même décidé de mettre en commun les items collectés par les deux bases de données ...

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Monde futur

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Réseau Pepe
CYC
Massachusetts Intitut of Technology (MIT)
MindPixel
 
Pourquoi ce site
Je crois que, si les êtres humains que nous sommes ne parviennent pas toujours à évoluer comme ils le souhaiteraient _à s'épanouir professionnellement, sentimentalement et sexuellement (ce que j'appelle les "trois pôles d'intérêts", en psychologie)_ c'est parce qu'il y a des barrages qui entravent leur désir d'accéder à un rêve inachevé. Je pars du principe que tout est possible, à condition de s'entourer de gens qui nous poussent à croire en nous.
 
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Ce que vous avez toujours voulu savoir
 
CYC: l'ancêtre précurseur
CYC restera comme la première tentative pour faire de l'intelligence artificielle à grande échelle. Ce projet a débuté dans les années 80 sous la houlette de Douglas Lenat, un informaticien américain qui a été professeur au Carnegie Mellon Institut et à l'université de Stanford. L'idée qui présidait au lancement de cette banque de connaissances était de collecter des informations relatives au sens commun (dites "items"), mais également les règles du raisonnement déductif. Grâce à cela, CYC peut déduire des conclusions de certains faits. Toutefois, à sa naissance en 1984, CYC a démarré sans la précieuse source de témoignages que représente l'Internet: la collecte des items nécessitait à l'époque d'interroger directement des "humains communs" pour récolter leur sens ... commun. Bien entendu cela avait un coût: ces gens étaient rémunérés, de même que les universitaires qui étaient chargés de les interroger, puis de classer et entrer leurs réponses dans la base de données. Heureusement, CYC était sponsorisé par Apple, Bellcore, Kodak, Microsoft ...
En 1995, après onze ans de fonctionnement, la banque comptait 400 000 items. Aujourd'hui, la collecte continue, pour atteindre le million d'items. Et en 2001, ce monstre devrait pouvoir apprendre de lui-même, via des méthodes de découvertes automatiques programmées par ses concepteurs.